théâtre | Création
TOUTES LES PETITES CHOSES QUE J'AI PU VOIR
Dans ses nouvelles, Raymond Carver nous décrit l’Amérique des années 1970 et 1980, l’Amérique d’après l’âge d’or. L’ultime frontière a été franchie avec les premiers hommes sur la Lune et le dernier rêve de conquête a ainsi été atteint ; le pays libérateur de la Seconde Guerre mondiale s’est embourbé. Dans les horreurs de la guerre du Vietnam ; l’American way of life vacille et derrière l’image d’Épinal une réalité sociale plus sombre transparaît ; le libéralisme économique et la compétitivité multiplient les laissés-pour-compte ; dans les grandes villes tentaculaires et les provinces éloignées le sentiment de solitude grandit. À travers sa sensibilité littéraire, Carver témoigne ainsi des dérèglements d’humeurs et des pertes de repères que vivent ses contemporains.
La vague de spleen engendrée par une société matérialiste et déshumanisante nous atteint à notre tour. Carver, comme d’autres artistes américains de son époque, nous raconte prophétiquement la solitude de notre temps.Femmes et hommes voient leurs destins leur échapper, le sol se dérober sous leurs pieds sans avoir pu l’anticiper et leurs vies se diluer dans un quotidien aliénant.