Il y a dans la vigilance du théâtre qui regarde le monde, dans l’expérience d’une vie d’artiste et de comédienne, dans l’attention curieuse portée aux êtres et aux paroles, une lumière qui est d’une grande puissance. la lisière – théâtre est le récit de ce pouvoir-là, celui de la poésie et de la pensée porté par la mémoire bienveillante d’une gardienne de théâtre ici interprétée par Lise Visinand. Et parce qu’il n’est de sagesse que partagée et transmise, Lise Visinand sera aussi l’enfant qui écoute et reçoit. Histoire d’une rencontre donc, entre une femme d’un certain âge et la petite Espérance, menant leur poétique aventure en semant sur leur route, comme autant de cailloux pour ne plus se perdre, les paroles de la chanteuse Barbara, de la chorégraphe Pina Bausch, de l’écrivain et poétesse Charlotte Delbo, de Jean Genet et d’Andrei Tarkovsky…
« Il neige… Printemps été automne hiver printemps… Et le vent… De la lisière où je suis, je regarde. Je n’ai jamais fait que regarder les gens. »
Un désir de dire qui est aussi un cri. Un cri d’amour pour tenter de conjurer la barbarie et l’injustice des mondes passés et à venir, car si l’on entend le vent, il n’est pas rare qu’on entende aussi les loups…
« Tout est en mouvement. Rien n’est immobile. … Printemps été automne hiver printemps… Vivre, il faut vivre, comme a dit Monsieur Tchékhov. »