théâtre
Macbeth
William Shakespeare / Anne-Laure Liégeois
Le pouvoir, l’amour, la mort. Avec ces trois fils dont les couleurs se confondent avec celles de l’histoire du monde, William Shakespeare a tissé les rideaux d’un théâtre que chaque siècle ouvre sur une scène nouvelle. Ceux qui cachent le crime de Macbeth sont sans aucun doute d’un rouge parmi les plus sanglants. Cauchemar né dans les méandres tortueux et torturés d’un cerveau assoiffé de pouvoir, la quête hallucinée de Macbeth, s’achève dans la réalisation de la prophétie qui le condamnait. Pièce parmi les plus sombres du grand Will, Macbeth est tout à la fois l’histoire d’un crime et l’histoire d’un couple, le destin de Lady Macbeth étant inséparable de celui de son époux. Tous deux sont l’envers et l’endroit d’une même soif, « monstre à quatre bras et quatre jambes qui va courir vers la puissance. Dégageant de son chemin tout ce qui l’encombre ». Pour dire ce rêve éveillé qui la hante depuis de nombreuses années, Anne-Laure Liégeois s’est adjoint le concours d’enfants « prêts à tous les combats » dont la jeunesse crie aux oreilles apeurées du couple vieillissant « Laisse-moi la place, ma place maintenant ». Et ce cri n’est pas le moins terrible qu’on puisse entendre ici. Avec des accents qu’un Victor Hugo n’aurait pas renié (on sait l’impact que le théâtre de Shakespeare eut sur les romantiques français), la metteuse en scène ajoute « Macbeth confond les apparences avec la réalité, voilà l’illusion. Voilà le théâtre. Ce qu’il perçoit n’est que la projection de ses désirs exacerbés. De cet aveuglement, de ces déformations, Shakespeare joue. Voilà la tragédie. » Il y a là un programme et une ambition qui ne sauraient laisser indifférent.